De plus, il a soutenu que les réponses vraies apportées parfois par les astrologues étaient dictées par les démons, qui cherchaient par là à séduire l’âme du divinateur et de son client, à leur faire croire à un déterminisme lié aux planètes qui va à l’encontre de la libre détermination de l’âme et, pis encore, à les amener à adorer les dieux-astres. Ces arguments sont, aujourd’hui encore, utilisés par certains chrétiens. Dans les derniers jours de l’Empire romain, le paganisme était en voie de disparition. On a trace de divination par les entrailles d’animaux sacrifiés jusqu’au début du 5ème siècle. L’astrologie aurait pu disparaître elle aussi, mais elle a su masquer Miniature arabe (fin du mit siècle) représentant des astrologues dressant des horoscopes à l’aide de livres et de divers instruments, au cours des fêtes célébrant la naissance du souverain turc Tirnur Lang (1336-1405). ses origines religieuses, et mêler à son corpus la science et la philosophie grecques, alors pré-dominantes. C’est ce qu’a fait Ptolémée dans le Tetrabiblon, traité d’astrologie où il élargit le concept aristotélicien de changement émanant de la rotation de la sphère céleste et le transforme en une rationalisation facilement compréhensible de la subtile influence du ciel qui s’exerce au moment de la conception et, par extension, au moment de la naissance. Le rationalisme de Ptolémée a sans doute permis l’établissement d’une certaine paix armée entre l’astrologie et le christianisme, jusqu’à l’époque de saint Thomas d’Aquin (1225-1274).

Au Moyen Age, l’influence des étoiles était une donnée fondamentale de la réalité ; pour l’Église, il n’y avait pas là matière à combattre les astrologues, dans la mesure où cette influence s’exerçait sur les corps qui, certes, pouvaient ensuite modifier le devenir de l’âme et où elle ne menaçait en rien le libre arbitre fondamental de l’âme. Les étoiles prédisposent, elles ne déterminent pas.

L’homme sage commande à ses étoiles, le fou leur obéit. Ces maximes expriment une approche de l’astrologie acceptable par le christianisme de la fin du Moyen Age. La Renaissance, avec son goût pour l’Antiquité et les arts, s’est épanouie au cours du mye siècle, d’abord en Italie, puis dans toute l’Europe occidentale. Elle a donné un nouvel élan à l’astrologie, qui s’est répandue dans les couches les plus élevées de la société et qui a influencé la politique. Mais les nuages s’amoncelaient déjà sur cet art. Pour l’élite, le développement de la science à la fin du 16ème siècle, le bouleversement du vieux cosmos géocentriste de Ptolémée et son remplacement par le système copernicien a fait de l’astrologie un anachronisme. Il a fallu attendre le 10ème siècle et le scepticisme sur la capacité de la science à résoudre les problèmes de l’humanité pour nous rappeler que l’intuition fondatrice de l’astrologie, qui nous met en relation avec un cosmos intelligent, pourrait bien être aussi pertinente aujourd’hui qu’aux temps des Mésopotamiens, des Égyptiens et des Grecs de l’Antiquité.