L’ACTION MÉCANIQUE DES RAYONS RIGIDES

Expériences faites par le Pr. J. Ochorowicz sur Stanislawa Tomczyk.


L’importance des études faites par le professeur Julien Ochorowicz sur le médium polonais Stanislawa Tomczyk consiste surtout en ce qu’il a réussi à provoquer régulièrement des phénomènes déterminés dans le domaine de la télékinésie médiumnique, et qu’il a pu les étudier avec méthode pendant plusieurs années. Mais, en dépit des efforts les plus scrupuleux et les plus zélés, il n’a pu réussir à libérer complètement ses recherches de l’influence traditionnelle de la méthode de travail spirite. La personnification mystique de la « petite Stasia », qui est vraisemblablement un produit de l’imagination du médium dû à des influences spirites plus anciennes, intervient partout comme un facteur invisible, coopérant et même déterminant. Il faut demander, implorer même son aide, sans quoi le médium n’est pas en état de produire des phénomènes d’une puissance notable. En septembre 1909, une personnification masculine, « Woytek », remplaça Stasia ou opéra en même temps qu’elle. Là aussi, il s’agit, d’après l’expérimentateur,’ d’une création auto suggestive de la vie mentale inconsciente du médium. Malheureusement, la lecture des travaux du savant polonais, nomme aussi la clarté de la représentation des phénomènes sont rendus prodigieusement difficiles par la conversation sans cesse répétée avec ces personnalités imaginaires.

Les expériences ont lieu dans l’état de somnambulisme, dans une lumière atténuée. On trouve dans les comptes-rendus des renseignements complémentaires sur les changements-de personnalité du sujet. La marche systématique des expériences fut souvent inter-rompue par l’apparition de phénomènes spontanés et inattendu (mouvements des objets présents dans la salle, contacts, apports d’objets, etc.) qui sont censés émaner du « double » du médium, de la petite Stasia. Avant chaque expérience avaient lieu des visites corporelles scrupuleuses du sujet. D’abord Stanislawa .réussit à amener assez régulièrement sur les chiffres indiqués par l’expérimentateur les aiguilles d’une horloge Magique elle le faisait par action à distance, sans aucun contact corporel avec le mécanisme de l’horloge; elle a pu aussi, à la demande,- arrêter le balancier d’une pendule enfermée dans son cartel. Pendant cette opération, la porte s’était entrouverte. Le 9 juin 1909, en approchant simplement les mains d’une aiguille métallique d’horloge, elle l’a soulevée en l’air de telle sorte que la distance de l’aiguille aux mains était environ de 30 cm.

L’expérimentateur plaçait une série de petits objets (de métal, bois, verre, cuir, papier) devant le médium qui, -en approchant ses mains, les mettait en mouvement et les soulevait sans y toucher. Au moment de la lévitation d’un calendrier de poche, Ochorowicz remarqua pour la première fois, le 17 janvier 1909, comme un fil soutenant l’objet, qui allait d’une main à l’autre. Mais le fil n’était pas également visible de tous les côtés; par exemple, il ne l’était pas à contre-jour, mais plutôt de biais.

Le contrôle qui eut lieu immédiatement donna un résultat négatif. Stanislawa n’avait ni cheveux, ni fil à coudre qui lui permit d’opérer une manipulation frauduleuse. La lévitation de tous les objets donnait l’impression qu’il existait une communication invisible avec les doigts du médium. Les doigts avaient une position mi-ouverte, mi-fermée, ‘qui ne correspondait jamais exactement à chacun des objets. Même pendant l’immobilité des mains, les objets se déplaçaient tantôt à droite, tantôt à gauche, ou bien ils se retournaient. Les mains elles-mêmes étaient froides et humides, mais ne quittaient jamais la surface de la table, au cours de nombreuses expériences.

L’expérimentateur mit sa main gauche sur là table et de-manda à Stanislawa d’agir sur elle de la même manière que sur les objets inanimés. Il sentit, dès que les mains du médium se trouvèrent en position, d’abord de la fraîcheur, et ensuite, le contact d’un fil très fin qui glissait sur sa, peau. Plus le médium écartait les mains, plus le fil paraissait fin ; à une distance de 15 à 20 cm., la sensation disparaissait entièrement. Le’ cas était le même lorsque le contact avait lieu avec d’autres parties du corps (barbe, chevelure, etc.) L’auteur remarque avec raison qu’il se produisait ici pendant, un temps très court, par une opération d’idéoplastie matérielle, un fil médiumnique d’une certaine consistance, dont la forma-tion était accompagnée d’une sensation de fraîcheur. Le désir violent du médium d’attirer à soi un objet amène, par une association d’idées, la pensée d’un fil permettant de réaliser l’expérience; le fantôme objectif du fil est produit par une hallucination qui se réalise matériellement. Subjectivement, apparaît dans l’âme du médium d’abord le vif désir de réussir, allié à un état d’attention concentrée. Une sensation de fraîcheur, d’engourdissement, de picotement dans le bout des doigts, est le premier signe qu’une certaine émanation se détache d’eux. Ces fils peuvent, être formés en grand nombre, s’unir en un écheveau, et envelopper les doigts comme un réseau. Ils sont élastiques et s’étirent lorsque la main s’ouvre.

Plus les mains s’éloignent l’une de l’autre, plus la communication devient mince, pour finir par disparaître. Le contact d’un corps étranger et la rupture des fils causent de la souffrance. Ce sont les mêmes sensations que décrit, pour des phénomènes analogues, Eusapia Palladino, mais seulement avec cette diftérence que la peau des mains est sèche, tandis que chez Stanislawa Tomczyk, une sueur froide en mouille la face interne.

Quand les lignes de force vont en se croisant du pouce d’une main à l’index de l’autre, sans être interrompues par un objet, la ligne, visible comme un fil unique, est en réalité double. Dans l’obscurité, ces effluves paraissent lumineux, dans la lumière, ils paraissent sombres ou noirs. Eusapia Palladino, ainsi que Stanislawa Tomczyk, étaient capables d’agir sur des objets par leur « émanation fluidique », même d’une seule main ; par exemple elles pouvaient arrêter une balance en oscillation ou faire rouler une balle de cellulose.

Des thermomètres, des baromètres, des hygromètres, suspendus au mur, furent attirés par la main du médium, tenue devant eux.

Deux boites d’allumettes placée l’une à côté de l’autre se rapprochèrent. Voici une expérience très intéressante : Ochorowicz est assis devant Stanislawa et tient ses deux mains ; le médium tourne le dos à un appareil composé d’une clochette suspendue à un fil ; la distance entre la clochette et le dos du médium est de 95 cm.. L’éclairage est assez intense.. Dans ces conditions, la clochette retentit trois fois. Pour expliquer ce phénomène, on pensera que l’effluve personnel du médium ne doit pas suffire et qu’il doit intervenir un autre facteur. D’après Stanislawa, ce serait la personnification imaginaire de « la petite Stasia », avec ses « mains éthérées ». Il fallait mentionner ce point, parce que on s’y réfère. Pour constater objectivement la lévitation, Ochorowicz prit un grand nombre de photographies ; au début de cette série, il fut demandé si le courant médiumnique devait être visible ou non. Ochorowicz se décida d’abord à le laisser invisible. Les expériences se développaient comme suit. Stanislawa prenait place sur une chaise ou un divan. L’objet en expérience (métal, bois, papier, etc.) était placé devant elle sur ses genoux ou sur la table (naturellement après toutes les mesures de contrôle voulues).

Puis le médium écartait les deux mains à une distance d’environ 5 à 10 cm: de chaque côté de l’objet