La kabbale juive.

C’est évidemment la kabbale qui représente l’essentiel de l’ésotérisme juif. Son in-fluence en latinité sera considérable, surtout à partir de la Renaissance. Faisant suite au Sepher Yetsirah , une compilation de matériaux kabbalistiques effectuée en Provence au 12e siècle vient constituer le premier exposé de kabbale proprement dite, le Bahir, qui oriente celle-ci dans la double direction d’une gnose d’origine orientale et d’un néo-platonisme. Nombres et lettres de l’Ancien Testament y font l’objet d’une herméneutique procurant une connaissance des rapports entre le monde et Dieu, grâce à la connaissance de chaînes intermédiaires et selon une méthode interprétative qui donne à voir dans chaque mot et lettre de la Torah un sens aux ramifications multiples. La kabbale s’enrichit ensuite de ce qui restera son livre capital, le Sepher ha Zohar ou Livre de la Splendeur, apparu en Espagne après 1275. Compilation géniale due sans doute à Moïse de Léon, il représente le sommet de la kabbale juive, c’est-à-dire d’une mystique spéculative appliquée à la connaissance et à la description des oeuvres mystérieuses de la divinité. Le Zohar prolonge considérablement la dimension talmudique relative au travail ou aux rites pour développer une mythologie de la Nature, une valorisation cosmique dont la pensée de la Renaissance saura tirer parti. Enfin le grand mystique Abraham Abulafia (1240-1291), né à Saragosse, enseigne une technique méditative à l’aspect initiatique et symbolique, qui fait appel également à des techniques corporelles.