Consultation voyance par les Runes

Dans la croyance populaire, les Vikings ont conservé la réputation d’un peuple de barbares aux cheveux blonds venus du fond des âges, de sauvages dénués d’intelligence qui passaient le plus clair de leur temps à piller, à violer, à tuer et à s’enivrer. Ils furent il est vrai de redoutables guerriers, mais aussi un peuple de marchands et de colonisateurs dont on retrouve les traces parmi les fondateurs de la Russie ou les découvreurs de l’Amérique du Nord, cinq cents ans avant Christophe Colomb ; ils furent de surcroît les dépositaires d’une riche culture artistique. Comme les peuples germaniques, ils prédisaient l’avenir au moyen des symboles de l’alphabet runique.
Nombre de lecteurs anglais ont dû lire The Casting of the Runes (L’Oracle des runes), le conte fantastique de Montague Rhodes James, ou voir son adaptation au cinéma, Night of the Demon (Rendez-vous avec la peur), réalisé en 1967 par Jacques Tourneur : film souvent diffusé à la télévision britannique. James y raconte comment un sinistre magicien noir tente de se débarrasser d’un savant qui a déclenché sa fureur en « jetant les runes ». Il met en sa possession des inscriptions mystiques nordiques destinées à le conduire à la folie et à la mort en attirant sur lui un mauvais esprit. La divination runique utilisée à des fins maléfiques semble être de l’invention de James, mais les runes existent bien et sont fréquemment employées comme méthode divinatoire. Les runes n’ont en soi aucun pouvoir mystérieux ou ésotérique. Ce sont simplement les lettres et symboles d’un ancien alphabet dont se servaient les peuples de l’Europe septentrionale probablement deux ou trois siècles avant l’ère chrétienne. Depuis ses origines, l’usage de l’alphabet runique en rapport avec la magie et la divination revêt une aura de mystère. Or, le terme « rune » en vieux nordique signifie « secret » ou mystère ». Et le verbe raunen, qui en allemand moderne a le sens de « chuchoter », est dérivé de la même racine. Les runes étaient gravées sur des stèles pour conjurer les mauvais esprits et déjouer les violations de sépultures érigées à la mémoire des morts dont les ossements reposaient sous terre. Ainsi peut-on lire sur une stèle runique en Suède : « J’ai dissimulé ici. des runes magiques hors d’atteinte de la magie noire. Celui qui détruira ce monument mourra dans la souffrance causée par l’art de la magie. » Mais lorsque les runes étaient employées par une personne douée de facultés occultes, on leur prêtait le pouvoir de ressusciter les morts. Nous sommes loin des simples horoscopes ou d’un tirage de tarots de Marseille précisons le !

Les runes étaient d’abord une méthode de divination. Dans son fameux ouvrage La Germanie, l’historien Tacite en donne une description. Les prêtres employaient une branche d’arbre fruitier dans la-quelle ils découpaient des plaquettes de dimensions égales sur lesquelles un symbole runique était peint. Ainsi préparées les runes étaient jetées sur un linge blanc. Un prêtre de Wotan (Odin) accomplissait le rite, il en prenait 3 au hasard et, d’après les symboles et leur disposition, lisait l’avenir. Les points communs entre l’alphabet runique et les rites divinatoires, mediumniques et magiques païens étaient si nombreux que longtemps après la conversion des peuples nordiques au christianisme, les runes continuèrent à inspirer une crainte superstitieuse chez l’ensemble de la population. Jusqu’au xvtie siècle, il y eut des condamnations à mort en Islande pour un simple port d’objet ou de papier représentant des symboles de cet alphabet. Des inscriptions runiques ont été retrouvées à travers toute l’Europe, dans des endroits aussi éloignés que l’Irlande et le Nord de la Suède, l’Islande et l’Ukraine. Il n’est guère surprenant que ces diverses inscriptions gravées à des époques différentes témoignent de variations tant dans la forme que dans le nombre de caractères employés. L’une des versions ne contenait que 16 signes tandis que celle utilisée dans certains poèmes en vieil anglais en comptait jusqu’à 31. L’alphabet employé de nos jours pour la divinadon contient 24 lettres. Chacune porte un nom, lequel possède un sens qui lui est propre. Par exemple, la huitième lettre de l’alphabet portant le nom de WYN, outre qu’elle associe la lettre au dieu nordique Wotan, a le sens proche de joie illimitée ». Il existe de nom-breuses méthodes de divination ru-nique faisant appel à un nombre variable de symboles. La plupart sont satisfaisantes, mais quelques-unes se révèlent tout à fait remar-quables par leur capacité à éveiller l’inconscient de l’utilisateur du symbolisme runique. Il faut toute-fois reconnaître qu’aucune de ces méthodes n’est vraiment ancienne. Nous savons que les anciens Germains et Scandinaves utilisaient les runes à des fins divinatoires, mais aujourd’hui nul spécialiste n’en connaît les lois ni le sens précis qui leur était attribué, aussi bien individuellement qu’associées entre elles. Quelques occultistes actuels pré-tendent utiliser les runes selon une méthode dérivée d’une ancienne tradition de voyance secrète dont ils seraient les seuls dépositaires : assertion évidemment invérifiable. D’autres voyants ont déclaré avec une parfaite honnêteté que, d’une part, ils ont donné aux symboles runiques un sens dérivé de leur nom, ce qui dans la pratique s’avère efficace, et c’est là l’essentiel. Et que, d’autre part, les Stèles runique suédoise de la fin du paganisme (environ 1 000 de notre ère). Malgré des tentatives visant à les effacer, les inscriptions demeurent lisibles, méthodes divinatoires qu’ils ont élaborées, même si leur authenticité n’est pas prouvée, ont fait leurs preuves. La méthode de divination proposée ici appartient à cette catégorie. Elle n’est dérivée d’aucune ancienne tradition païenne secrète : c’est la version simplifiée d’une méthode élaborée par des occultistes modernes, laquelle s’est révélée en mesure d’apporter un secours efficace à ceux qui consultaient les runes.