Il n’y a pas d’argent qui puisse acheter l’être aimé, pas de promesse d’amour éternel qui puisse garantir l’infinité de la relation. La liberté de l’autre met chaque jour la relation à l’épreuve, et il est juste qu’il en soit ainsi. Comme est effrayante l’idée que tout amour peut s’estomper ou s’éteindre lentement, et comme il est sain et mature d’accepter le risque que cela se produise. Toute tentative de contrôler l’autre est futile ; l’autre restera toujours insaisissable. Plus vous voulez posséder et traiter l’autre comme un instrument, plus la personne s’échappera. Et heureux celui qui jouit d’une relation qui laisse de la place au mouvement, à la pensée, à l’expression de ceux qu’il aime ; heureux celui qui parvient à ne pas exclure le monde de sa vie relationnelle : c’est toujours une fausse dichotomie, il y a de la place pour les deux, il y a le temps et la possibilité de s’enrichir mutuellement.

Il n’y a pas de violence qui tienne, il n’y a pas de manipulation psychologique qui fasse que l’autre devienne nôtre si ce n’est pour de brefs moments, fugaces, éphémères et erronés. Il n’y a pas de possession ou de relation sexuelle qui puisse contrecarrer l’impénétrabilité d’un autre différent de nous, qui puisse prendre possession de la liberté absolue dont tout être cher devrait pouvoir jouir.

Alors comment pouvons-nous garantir et sécuriser le “pour toujours” ? La seule réponse sensée à cette question est peut-être : pourquoi faut-il l’assurer ? Choisissez et re-choisissez chaque jour la personne que vous voulez à vos côtés, permettez à la personne qui est à vos côtés de vous laisser choisir.

C’est précisément ce choix continu et libre, souvent sous-estimé, qui vaut plus que toute promesse formulée en paroles, et c’est la liberté de le faire avec spontanéité et désir, plutôt que par besoin, qui en garantit l’authenticité.

La liberté fera fleurir l’amour.

Que l’Autre reste en partie insaisissable, qu’il reste en partie étranger.