L’adolescence et les relations sexuelles précoces c’est peut être une raison ?

Adolescent: le mot signifie bien ce qu’il veut dire: qui devient adulte. C’est une période de mutation, plus ou moins longue selon les climats et le mode de civilisation, où la jeune
fille, le jeune homme sont en train de devenir homme et femme, avec tout ce que cette évolution comporte

La puberté
Il faut d’ailleurs distinguer puberté et adolescence. La puberté précède l’adolescence. Elle commence plus tôt que jadis; certains médecins estiment qu’elle a avancé de presque deux ans, pendant ce dernier siècle. Ce développement des fonctions reproductrices va, maintenant, préoccuper garçons et filles et les placer face aux besoins de la vie génitale, avec tout ce que cela peut comporter de difficultés.
Les filles commencent leur développement physique près d’un an avant les garçons, et cela a pour conséquence qu’elles seront, sur le plan mental, moral et affectif, plus précoces.

Filles et garçons, d’ailleurs, commencent à se différencier, non
seulement physiquement, mais par les goûts, les intérêts, la différenciation sexuelle commençant à les marquer sur tous les plans: si les garçons et les filles de dix ou onze ans peuvent avoir les mêmes jeux, les mêmes activités, les mêmes intérêts,
il n’en est généralement plus ainsi à quatorze ou quinze ans les premiers temps de cette phase qu’est la puberté, la fille est intéressée par le garçon, alors que le garçon qui connaît une maturité sexuelle plus tardive, met plus temps à s’orienter vers l’autre sexe. Commençant sa puberté à treize ans, il passera d’abord par une période e narcissique où il s’occupera, affectivement, surtout de lui-même, tel Narcisse s’admirant dans le miroir de l’eau.

L’adolescence
Après cette première étape physique, nous entrons dans une période que le professeur Debesse a justement nommée à crise d’originalité juvénile»: c’est l’adolescence, période de contestation, de doute et, sur tous les plans, de recherche de critères nouveaux. Ce qui était jusqu’ici apporté par l’enseignement ou par les parents, devient sujet à caution.
C’est souvent le monde des copains qui apporte une réponse au sentiment de solitude, c’est avec eux qu’on peut partager c’est à eux qu’on peut s’identifier.

L’adolescence, c’est aussi, c’est avant tout peut-être, le printemps de la vie, l’âge de l’éveil à la tendresse et à l’amour.

Sur ce plan, il ne faut pas craindre les activités mixtes, garçon et fille ont besoin l’un de l’autre. Très introvertis, très repliés sur eux-mêmes, en auto-analyse, au début, ils vont peu à peu s’ouvrir à l’autre en un dialogue fructueux, enrichissant. Il est possible que ce dialogue passe par le flirt, espèce de jeu où chacun cherche à plaire et veut prouver ainsi ce qu’il croit être sa maturité. Mais à part quelques don Juan attardés ou quelques < coureuses > (en fait, angoissés affectifs), l’adolescent dépassera ce stade.

Le flirt
Quel est le sens du flirt, et quelles en sont les causes?

Etymologiquement, le mot veut bien dire ce qu’il dit: le verbe anglais « to flirt » indique un certain style de fréquentation, ce qu’en Suisse on a désigné, après la coquetterie et les bouderies si typiques du genre théâtral de Marivaux, sous le nom de marivaudago. Et ce verbe anglais vint lui-même du vieux français fleureter, qui peut avoir deux sens. L’un, c’est « conter fleurette », c’est la romance qui chante « le printemps l’amour, les p’tits oiseaux, les fleurs >… cette période en effet un peu « fleur bleue» de la vie sentimentale et que symbolisent bien les amoureux. Le second sens, c’est le fait, comme le papillon ou l’abeille, d’aller butiner de fleur en fleur! Le flirt, c’est bien cela: une façon de vouloir plaire, sans s’engager. Car il est une époque de la vie où le garçon et la fille
essaient les armes de la séduction. Une époque où les jeunes filles jouent avec coquetterie le jeu alterné du charme et de l’indifférence. Une époque où les garçons, volontiers pour cacher leur timidité, aiment à troubler les filles par leur attitude, tantôt tendre, tantôt sarcastique. C’est une certaine façon de s’attirer, de se montrer original, de choquer pour attirer l’attention de l’autre.

Amour et instinct
Comme l’homme, l’animal connaît une activité génitale, avec ses pulsions et ses besoins. Mais il est, entre l’amour humain et l’amour bestial, de grandes différences.

L’animal sauvage a une vie sexuelle saisonnière. Pendant les périodes d’activité correspondant au rythme des saisons et au cycle de l’espèce, mâles et femelles se recherchent dans le seul but d’assurer, mus par une force instinctive, la reproduction et la multiplication de l’espèce. En dehors de ces périodes, l’animal est en période de latence, avec une identité sexuelle qui bien sûr détermine son comportement, mais sans activité génitale. L’homme, lui, connaît une vie génitale constante dont les besoins se manifestent pendant la plus grand partie de sa vie.

FRANCOIS SCHLEMMER
L’attitude des parents
Quelle sera l’attitude des parents devant un problème dont
ils ne contrôlent pas les données? Disons-le d’abord : la
conduite de leurs adolescents (sorties, argent de poche, travail)
les concerne encore. Mais, pratiquement, leur vie sexuelle ne
les concerne plus,
Le flirt est, la plupart du temps, normal et nécessaire, nous
l’avons vu. La recherche de l’autre, qui conduit à l’amour
adulte, passe généralement par ce stade. Entre la vantard
et la grande discrétion, l’adolescent et l’adolescente n’informent
guère leurs parents sur les étapes de leur vie affective. Une
mère nous déclarait un jour, parlant de son fils de dix-sept
ans: Il me raconte tout. » De deux choses l’une: ou la mère
se trompe et le fils la trompe, parce qu’il ne peut accepter cette
intrusion en sa vie intime. En ce cas, la mère est un peu
naïve et le garçon se défend… avec les armes qu’il a! Ou la
dit vrai, et c’est le fils qui est un peu simplet… Craignons
alors qu’il ne veuille plus tard < rattraper» cette domination
maternelle abusive, comme le font les héros de L’ Adoration
de Jacques Borel et du Grand Dadais de Poirot-Delpech.
Mais craignons aussi parfois que cette relation trop intime
avec la mère n’aboutisse chez lui à un véritable interdit
à l’égard de l’autre sexe, avec ses conséquences: impuis-
sance ou homosexualité. De même, la fille trop tenue par
ses parents essaie presque tonjours de compenser cette édu-
cation sévère par une forme d’évasion réelle ou imaginaire:
tout le théâtre, en passant par Molière, Marivaux et Musset,
nous dépeint le ridieule bafoué des tuteurs sévères et des
matrones chaperonnant les jouvencelles, qu’un galant vient
enlever sans peine.
Mais les parents qui < permettent tout» sont aussi frus-
trants que les parents toujours stricts. C’est ce que vous montre,
entre autres, le film Les Tricheurs.

L’ADOLESCENCE ET LES RELATIONS SEXUELLES PRECOCES
L’adolescent s’appuie sur ce qui s’oppose, et le dialogue naît
de cette opposition qui, à l’heure où se pose perpétnellement la
question Que permettre ? que défendre? » conduit à l’atti-
tude la plus juste. En réalité, les bases morales sont déjà
posées, et dans l’évolution qui est en cours maintenant, nous
ne pouvons plus grand-chose: ce que nous avions à faire a déjà
été fait, en étant, couple uni, une image identificatrice qui a
pu permettre à nos adolescentes et à nos adolescents de se
construire eux-mêmes, et de devenir, femmes et hommes, un
couple harmonieux. Sachons écouter, répondre aux questions
être disponibles, fermes et patients: lorsque l’adolescent aura
compris, avec Saint-Exupéry, que s’aimer ce n’est pas se
regarder ‘un l’autre mais regarder ensemble vers un idéal
commun, lorsqu’il pourra dire à sa compagne, lorsqu’elle
pourra lui dire Je t’aime pour toi, je me veux, pour toi,
meilleure », alors l’amour sera vraiment échange et partage et
ils seront murs pour fonder un foyer
Mais la vie est là, avec ses exigences, et il faut reconnaître
qu’ils auront encore parfois des années difficiles à traverser
avant de connaître les joies du partage total.
Si l’adolescent construit en grande partie sa vie affective
en fonction de ses parents, que dire à l’égard de tous les couples
pour lesquels cette identification harmonieuse n’a pas été pos-
sible? Ne le dissimulons pas, statistiquement parlant, l’enfant
de foyer dissocié risque plus qu’un autre de connaître lui-même
plus tard l’échec conjugal. Mais il est possible, bien souvent,
qu’il trouve en un parent, un éducateur, ou même le conjoint
reconnu comme valable», l’image identificatrice qui l’aide
à édifier sa personnalité
Education à l’amour
L’amour harmonieux est le vécu commun dans la trans-
ence, le don, la synthèse de deux personnalités devenues
15
par