“Comment peut-on être Persan ?” s’étonnait Montesquieu, en 1721, et les internautes demandent aujourd’hui : Comment peut-on être médium clairvoyant ?

Autant dire « Comment devient-on médium clair-voyant et acquiert-on le a sixième sens » ? N’étant pas clairvoyant, est-il possible de le devenir ? Si on l’est, comment se perfectionner, faire s’épanouir le don merveilleux ? » Eh bien ! répondons que pour tout « extra-lucide comme pour toutes les classes de médiums le point de départ varie. Ils n’ont que ceci de commun ils ne sont pas médiums parce qu’ils l’ont voulu. Leur aptitude fut spontanée. On a dit qu’elle reste ce qu’elle fut à l’origine, sans progresser, jusqu’à s’atrophier et à périr. Je suis, je crois, placé pour assurer qu’avec l’exercice la médiumnité clairvoyante et vraisemblablement les autres devient plus forte, plus active, plus exacte, mais elle ne doit alors son progrès qu’à elle-même, à sa stimulation secrète, sans que n’y ajoute rien, chez le sujet.

Pour enseigner, il faudrait qu’il eût une pédagogie défi. nie et qu’elle s’appliquât à tous les êtres,à tous les tempérament. Or, aucune médiumnité ne peut se superposer à une autre et les modes opératoires de chaque clair-voyant sont autant de cas particuliers, expressions d’un mécanisme général, encore inconnu. Leurs horlogeries psychiques » ne sortent jamais de la même fabrique. Vouloir éduquer un médium, c’est risquer de casser tous ses ressorts.

La Clairvoyance peut être congénitale, même héréditaire. Il se pourrait même qu’elle fût congénitale dans tous les cas, mais, faute d’une occasion, d’une provocation, il advient qu’elle ne se déclenche jamais. Physiologiquement, les moments favorables à sa mise en marche » sont la puberté, la ménopause. D’autres raisons l’éveillent brusquement : une secousse morale, une blessure, un spectacle effrayant, une intervention chirurgicale et aussi une «contagion mentale » (possédés, convulsionnaires, mesmériens, spirites). Si les fameux cercles d’initiation de l’antiquité ont produit des «interprètes de la sagesse cachée », ces divers « chocs » y ont dû être utilisés par les maîtres.

A la recherche des lois de la médiumnité.

Il y a médiumnité et clairvoyance. La Clairvoyance peut s’apprendre pas la Mediumnité.
J’ignore si certains ont découvert des techniques certaines pour se perfectionner. Je sais, quant à moi, que j’ai cru me définir méthodiquement des procédés opératoires. J’y avais foi. Je les ai appliqués. Ils ont abouti à zéro. J’y ai renoncé, comprenant que, jusqu’à nouvel ordre, introduire des raisonnements conscients, des principes fixes dans la vaticination médiumnique, c’est troubler le jeu où le subconscient seul, et, j’imagine, d’autres facteurs X, interviennent, qui n’ont rien de commun avec
la raison raisonnante. Que, dans un temps, cette loi de l’errance aveugle, de la spontanéité plus ou moins délirante, cette nécessité de ne point s’observer et de se livrer, pieds et poings liés, au DAIMON, soient corrigées par des observations qui disciplineront la Clairvoyance, la feront, comme au laboratoire, passer par le crible des méthodes de science, je l’espère, mais je n’en suis pas sûr, et, pour tout dire, je n’en éprouve pas le besoin impérieux.

C’est en quoi j’offense, gentiment, mes amis métapsychistes quand, en admirant la probité, la ténacité avec lesquelles ils poursuivent leurs recherches, je présage, à leur oreille, que la loi mystérieuse dont ils voudraient tant élaborer le code échappera longtemps, longtemps encore je ne veux pas écrire toujours à leur généreuse emprise.

Médiums d’Asie, médiums d’Europe.

On me dira Vous parlez pour les médiums de l’Occident. Mais les voyageurs n’ont-ils pas rapporté qu’au grand Est, aux Indes, chez les lamas et les bonzes, il y eut de tout temps des collèges où la médiumnité, et de toutes formes, était et reste traitée comme une plante née d’un grain et peu â peu épanouie, telle un magnifique Baobab !

Encore une fois, je n’entrerai pas dans le détail. Il est possible que les Extrême-orientaux aient des pratiques d’enseignement, comme il put y en avoir chez les Esséniens et ailleurs dans l’antiquité. Mais, pour dire les choses simplement, et un peu comme :\ 1. de La Palisse, ces gens-là ne sont pas de chez nous. Tout différencie le Far East de notre ciel, de notre terre, de nos races, de nos philosophies et de tous nos comportements vers la culture générale et individuelle. L’illu-min» de là-bas se prive de manger, macère dans la médi-tation, plonge aussi profondément que possible dans son Nirvana, pour se mettre, dit-il, en état de voir l’invi-sible, de se promener à l’aise dans les énizrnes du monde inconnu au commun des mortels. Le médium clair-voyant, ici, n’est jamais si brillant, dans nombre de cas, qu’après avoir bien mangé, bien bu et s’être dopé, à l’occasion, d’une solution phosphosthénique. A la fin d’un festin, le verre en main, il est parfois étincelant. Il déborde d’inspirations, de vérités cachées. il jongle avec les révélations il fait le plaisir et l’étonnement de 1a, table. Ce constat, à lui seul, creuse un abîme entre l’illumination du fakir d’Asie et celle du médium européen.

Est-ce une infériorité pour ce dernier ?

Peut-être bien, mais j’ai que si, à tous les clairvoyants de France et de Navarre, on demandait « Êtes-vous Meilleur à jeun qu’autrement ? : une majorité répondrait Autrement » et n’en serait pas honteuse pour si peu. A chacun son tempérament. J’opine que, jusqu’à nouvel informé, l’extralucide blanc se souciera moins des disciplines de Lhassa et des « secrets » des Taoïstes, que d’écouter son génie familier à la façon capricieuse qu’il a de chanter.