La zone d’attraction (sexuelle et/ou sentimentale) et d’implication entre hommes et femmes semble à beaucoup un domaine mystérieux, dépourvu de logique et contradictoire. En réalité, il est possible d’expliquer ce qui nous attire et pourquoi, mais pour ce faire, nous devons prendre en considération les différentes motivations et la façon dont elles se combinent.

Attirance physique réciproque ? Comment agir ? Pourquoi le fonctionnement de l’attraction est-il si mystérieux ?

    Parce que les motivations sont, au moins en partie, différentes pour les hommes et les femmes ; il est donc difficile de comprendre les raisons du sexe opposé.

    De plus, des motivations différentes peuvent avoir des priorités différentes, voire opposées (on peut vouloir une chose et aussi son contraire), ce qui explique certaines contradictions.

    Enfin, les motivations de l’attraction sont fondamentalement instinctives et/ou émotionnelles, elles ont donc leur propre ” logique ” et sont souvent irrationnelles.

Une précision : quand je parle d’attraction, je veux dire d’abord l’attraction érotique, mais aussi des formes plus émotionnelles, comme l’engouement, le ” magnétisme “, la passion que certains nous inspirent, et aussi certaines implications émotionnelles que nous considérons souvent comme de l’amour (mais qui, dans ma vision, sont quelque chose de différent de l’amour).

Les trois sources d’attraction

Il existe trois ” niveaux ” principaux qui influencent ce qui nous attire :

    Les motivations évolutives

    (la pulsion biologique innée qui nous conduit à choisir les meilleurs partenaires pour la reproduction)

    Influences culturelles

    (les règles et les modes de la culture dans laquelle nous vivons)

    Goûts et expériences personnelles

    (inclinations et expériences spécifiques à chaque individu ; surtout avec leurs parents)

Comme je l’ai dit au début, chacun de ces niveaux a ses propres priorités, qui peuvent aussi être très différentes et contradictoires. C’est pourquoi une explication valable de l’attraction ne peut pas se limiter à un seul niveau, mais doit prendre en compte les trois, leurs particularités et la façon dont elles se combinent. Cela explique pourquoi de nombreuses explications de l’attraction que nous avons lues ne sont pas entièrement convaincantes : elles ne considèrent qu’un des trois niveaux, ou les simplifient à l’excès, en fournissant une explication nécessairement limitée.

Dans ce billet, je vais essayer d’illustrer chaque niveau et les mécanismes qui le régissent. Ce sera donc, par nécessité, une explication longue et riche. D’autre part, il n’est pas possible d’expliquer un phénomène complexe si on le simplifie à l’excès ; pour ceux qui ont la patience d’aller au fond des choses, j’espère que vous le trouverez éclairant.

1) Motivations évolutives

Ces motivations sont expliquées par la psychologie évolutionniste. L’hypothèse de base est que nos comportements tendent à maximiser les avantages de l’évolution (en termes de survie et de reproduction des espèces) : nous sommes donc attirés par des partenaires qui semblent nous promettre les meilleurs résultats dans la perpétuation de nos gènes (c.-à-d. concevoir et élever des enfants en santé).

Notons que ces motivations sont très similaires à celles qui s’appliquent dans le monde animal ; ce qui n’est pas surprenant, si l’on considère qu’elles proviennent principalement de la même partie du cerveau que nous partageons avec eux (cerveau “reptilien”). De nombreux comportements conséquents sont également les mêmes chez les animaux et les humains. Attirance physique réciproque ? Comment agir ? Dans le reste du billet, j’utiliserai les termes ” mâles ” et ” femelles ” pour indiquer des comportements communs aux animaux et aux humains, et ” hommes ” et ” femmes ” pour indiquer des comportements qui tendent à être spécifiques à notre espèce (bien que certains d’entre eux puissent également se retrouver chez de nombreux primates).

L’explication évolutive est débattue, mais de l’avis de beaucoup, c’est celle qui illustre le mieux les raisons de notre comportement.

Attirance physique réciproque ? Comment agir ? Des stratégies différentes pour les hommes et les femmes. Les motivations évolutives sont (au moins en partie) différentes pour les hommes et les femmes. En effet, l’anatomie différente permet d’obtenir un ” investissement parental ” optimal (choix et utilisation des ressources en tant que parents) pour les deux sexes avec des stratégies de reproduction différentes :

    Les mâles ont tendance à adopter une stratégie plus ” quantitative ” : inséminer le plus grand nombre possible de femelles (surtout les jeunes et les belles).

    C’est parce qu’un mâle peut féconder un nombre infini de femelles, sa stratégie vise donc les ” grands nombres “.

    Les femmes ont tendance à adopter une stratégie plus ” qualitative ” : ne choisir qu’un seul partenaire ayant les meilleures qualités.

    C’est parce qu’une femme porte le fardeau de la grossesse et des soins aux jeunes, en nombre limité dans sa vie, que sa stratégie se concentre sur les soins et les ressources à leur intention.

En résumé, la nature nous a donné deux programmes distincts :

Il convient de noter que les deux stratégies n’ont rien de “moral” en elles-mêmes : elles remplissent toutes deux l’objectif – égoïste – de faire en sorte que ceux qui les mettent en œuvre obtiennent les meilleurs résultats en termes de transmission de leurs gènes. Ce n’est qu’une interprétation humaine de voir la stratégie masculine comme superficielle et regrettable, et la stratégie féminine comme plus ” noble ” et romantique. En pratique, ils sont tous deux fonctionnels pour des raisons d’évolution ; et, comme nous le verrons plus loin, même les femmes adoptent un comportement ” noble ” pour atteindre leurs objectifs.

Allons faire du “shopping”

Sur le plan de l’évolution, il y a deux principaux moteurs qui nous poussent à choisir un partenaire ; en langage spécialisé, on les appelle :

En pratique, ” acquérir des gènes ” (ou ” magasiner des gènes ” dans l’expression originale) signifie choisir un partenaire qui montre des signes de bonne santé, de fertilité et de qualités souhaitables. Cela explique l’importance instinctive que nous accordons à la beauté, car ce que nous trouvons ” beau ” ou attrayant est presque toujours associé à une bonne santé et/ou à la fertilité (ce qui n’est pas toujours vrai dans les motivations culturelles ou personnelles, qui sont en fait de niveaux différents). Même la soi-disant ” chimie ” entre deux personnes est probablement un signe de bonne compatibilité génétique entre les deux (c.-à-d. un potentiel élevé de générer des enfants en santé).

Caractéristiques considérées comme attrayantes :

    Chez les deux sexes : symétrie, jeunesse, taille, cheveux épais.

    Chez la femme : courbes sensuelles, forme de sablier (l’attraction maximale est inspirée par les corps féminins avec un rapport hanche/taille de 0,70), lèvres charnues, grands yeux.

    Chez l’homme : force, vigueur, musculature, poitrine en ” V “, signes généraux de virilité (voix grave, traits carrés), caractère dominant (le leader, le ” chef de meute “, le ” mâle alpha “), talents particuliers (sportifs, intellectuels, artistiques).

” Acquérir des ressources ” signifie choisir un partenaire qui est en mesure de fournir les soins nécessaires à la progéniture, et qui est prêt à aider la femme à élever les enfants. En termes humains, cela se traduit par un homme qui a un bon revenu ou les compétences pour l’obtenir, et qui montre une inclination à la fidélité, à l’engagement et à la garde d’enfants.

La principale distinction entre ces deux pulsions est que les deux sont présentes chez les femelles, alors que chez les mâles, seule la première est présente. Cela est tout à fait conforme aux stratégies de reproduction indiquées précédemment :

    Pour un mâle (stratégie quantitative) l’important est que la femelle soit en bonne santé, fertile et avec les meilleurs gènes ; ensuite ce sera à la femelle de s’occuper des petits (rappelons que chez les mammifères, seulement 3% des espèces sont monogames).

    Pour la femme (stratégie qualitative), les gènes du partenaire sont importants, mais à ceux-ci s’ajoute la nécessité de choisir un homme qui puisse contribuer aux soins des jeunes, tant sous forme de nourriture et de ressources que de disponibilité.

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